L’icône de l’hospitalité de Béthanie
Présentation faite lors de la messe de fondation de notre nouvelle paroisse par le Père Antoine Gélineau qui l’a écrite (réalisée).
“ Je ne vais pas vous faire une conférence sur les icônes, je vais juste vous donner 3 points qui m’ont habité pour écrire votre icône.
D’abord j’ai été enchanté de travailler sur cette commande que m’a faite P. Emmanuel : réaliser une icône pour marquer la fusion de 4 paroisses en une seule avec un nouveau nom : Stes Marthe et Marie. Qu’on fasse appel à un frère chrétien orthodoxe iconographe pour réaliser ce travail est une heureuse démarche œcuménique à laquelle je suis très sensible.
Le nom (titre)
Comme vous le voyez, il n’était pas juste de se limiter aux deux sœurs. Lazare, le frère à qui Jésus redonne vie avait toute sa place. La fratrie au complet est donc autour de Jésus qui est le centre où tout converge, il est le lien de cette belle amitié. Puisqu’on sait que Jésus aimait venir à Béthanie chez ses amis, le nom de l’icône était trouvé : l’hospitalité de Béthanie, tout comme on nomme l’icône de la Trinité : l’hospitalité d’Abraham en référence à l’accueil que réserve Abraham et Sarah aux trois anges, sous le chêne de Mambré (Génèse 18).
Les regards
Comme vous l’aurez remarqué les quatre personnages ont les yeux tournés, braqués même vers nous. Ce n’est pas une scène convenue, un entre-soi. Normalement, les regards devraient être tournés vers le Christ, mais là ils nous regardent. Cela nous interroge. Nous devenons concernés. Nous entrons dans l’icône en quelque sorte. Cela donne de la présence. L’icône étant l’art précisément de la Présence. On peut dire aussi que pour regarder le Christ, Marthe, Marie et Lazare passent par notre propre regard. Ils nous entraînent dans une relation. J’aime dire en effet que Dieu n’est pas une religion mais une relation, je vous laisse méditer sur cette expression…
La composition
Nous sommes à Béthanie, on pourrait presque dire à la paroisse. Jésus préside sur le côté, c’est la place du serviteur, un mot tellement important dans les évangiles et toute la bible. Il est revêtu de sa robe rouge qui traduit sa nature humaine et son manteau bleu qui dit sa nature divine. Dans sa main gauche un rouleau, celui de sa Parole et donc on pense à la liturgie de la Parole… Il y a une table au milieu, l’autel… avec une grande coupe qui rappelle le calice et que Jésus bénit… nous avons la liturgie eucharistique. Recevoir Jésus à table était une fête pour la fratrie. La tenture rouge au sommet accrochée à 2 pans de mur symbolise que la scène se déroule à l’intérieur et veut justement donner unairdefête. Les autres couleurs se veulent joyeuses.
Marthe est debout, affairée par la cuisine tandis que Marie assise confortablement sur un tabouret écoute la parole de Jésus. Rappel que c’est bien d’être actif et contemplatif dans la Maison-Église, les 2 actions sont complémentaires. L’ami Lazare quant à lui nous rappelle que c’est Dieu qui donne la vie et qu’il a pouvoir de la redonner, qu’il est plus fort que la mort. On ne va pas parler de résurrection car Lazare mourra une seconde fois.
Enfin, en résumé je retiens l’amitié : c’est une icône qui traduit l’amitié que nous sommes appelés à vivre dans notre relation à Jésus. Être ensemble autour du calice cimente notre amitié et qui se vérifie selon St Jean par l’amour que nous avons les uns envers les autres. “
P. Antoine Gélineau
Emmanuel Mustière, curé